La ville de Bône est et sera à jamais marquée du sceau humaniste du plus grand docteur de l'église africaine : Saint Augustin.
Pour pérenniser son souvenir et lui témoigner sa reconnaissance, la communauté chrétienne d'Afrique fit édifier, à Hippone, une basilique qui, du haut de son promontoire, surplombe de son port majestueux la vaste plaine étendue à ses pieds et l'admirable baie de Bône limitée par la ligne des deux caps qui l'encadrent. Le choix de son emplacement, une colline de l'ancienne cité d'Hippone, est hautement symbolique.
Ce "Mamelon vert" (1) comme l'appelait Gustave Flaubert fut, pendant longtemps, un lieu de pieux pèlerinages tant il paraissait établi que Saint Augustin y avait vécu et officié. Monseigneur Dupuch, premier évêque d'Alger, fit ériger, à mi-côteau, un petit autel de marbre blanc surmonté d'une statue de Saint Augustin coulée dans le bronze des canons turcs. Ce mausolée fut faussement considéré pendant longtemps, comme le tombeau de Saint Augustin. Or, la dépouille de l'illustre évêque qui était mort en 430, dans l'Hippone assiégée par les hordes vandales, fut transportée en Sardaigne puis à Pavie au VIIIe siècle.
C'est seulement quarante ans après sa conception que le projet prit réellement forme. Le 9 octobre 1881, la première pierre de l'édifice est posée et bénie par Monseigneur Combes, évêque de Constantine. Cinq années plus tard, la première messe y est dite. Le 29 mars 1909, la Basilique complètement achevée, est consacrée en grande pompe, en présence d'une foule innombrable de prêtres et de fidèles.
Par l'inspiration, la matière et l'exécution, cette Basilique est un pur produit africain. Avec son style arabo-byzantin, elle s'apparente à celle de Carthage qui en fut l'inspiratrice. Tous les matériaux qui ont servi à la construction ont été tirés du sol algérien. Les marbres, et tout particulièrement ceux du maître-autel et de la chaire ont été extraits de carrières de l'Est constantinois : marbre de Guelma, marbre blanc du Filfila, onyx translucide d'Aïn-Smara. Tous sont d'une rare finesse de grain et d'une étonnante richesse de tons et de nuances.
Du haut de la terrasse qui précède le porche de la Basilique Saint Augustin, le visiteur est payé de sa courte ascension par le panorama qui s'offre à lui. On aperçoit "la large baie en courbes molles et suaves comme celle de Naples" (2) et l'on ne peut s'empêcher d'évoquer le grand évêque berbère, venant là sur cette colline inspirée, contempler ce paysage agreste enveloppé d'une profonde quiétude et demandant à Dieu "la grâce de demeurer sous ces ombrages de paix, en attendant ceux de [son] Paradis" (3).
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