La patrimonialisation: processus et etapes ( la ville d'Alger avant 1830)

 La patrimonialisation: processus et étapes.

(cas de la ville d'Alger)  



Alger, ville construite sur l'emplacement de l'antique Icosium, n’apparait comme une ville de première importance, qu’après l'arrivée des corsaires turcs. Pendant la période médiévale, elle n'apparaît pas comme la capitale d'un État en dépit d'une position centrale appréciable et de la
protection que lui assure, du côté de l'intérieur, les montagnes de la Kabylie. Port berbère au temps où les Zirides se révèlent à l'histoire, elle est fréquentée par des pêcheurs andalous. 
patrimoine  

 Au temps des Almoravides, elle constitue la frontière Est du royaume, ils y construisent quelques édifices dont seule la grande mosquée subsiste; Hormis cet édifice, l'occupation almohade n’a pas laissé de traces architecturales majeures dans la ville.

 En 723 - 1324, les 'Abd al-Wàdides dotent la grande mosquée du minaret qui s'y trouve encore, mais la ville reste au cœur du conflit avec les Hafsides de Tunis, qui occupaient la majeure partie du Constantinois.

 La ville passe sous le règne des Mérinides après qu’ils ont annexé à leurs États le royaume
`abd al-Wàdide. Alger leur doit, entre autres, la construction d'une médersa connue sous le
nom de Bû Inâniya.

Avec la prise d'Alger, les Turcs installent leur gouvernement et administration dans la partie
basse de la Casbah.

Les luxueuses demeures des dignitaires et des hauts fonctionnaires se répartissent dans cette
partie de la ville, au nord de la Grande Mosquée almoravide appelée également Djamâa El
Kébir: plusieurs demeures princières d'un, deux ou trois niveaux révèlent une architecture
prestigieuse de grands palais à patios, entourés de galeries aux colonnes de marbre, distribuant
les pièces d'habitation et les services dans des dispositions particulières.

Alger s'organisait autour d'une zone centrale, vers cette zone convergeaient trois rues
principales de la ville  :

-La rue de la Marine
(Bâb al-Jazîra) était une rue commerciale qui constituait également
le centre de l'activité des corsaires, avec la circulation de la marchandise importée ainsi que
les captifs ramenés des expéditions.

-La rue de Bâb Azzûn qui partaient vers le côté sud de la ville, jusqu’à la porte de Bâb
Azzûn point de liaison avec l’intérieur du pays, c’est par cette rue que circulaient les
marchandises importées destinées à la distribution à l’intérieur du pays, et d’où rentraient les
produits locaux pour être commercialisés à Alger.

-La rue de Bâb al-oued circulait vers le côté Nord de la ville vers la porte du même nom,
où les échanges étaient moins importants qu’au niveau des autres portes de la ville.

La rencontre de ces voies principales constituait le cœur de la cité, qui regroupait la majorité
des structures de la ville. C’est dans cette zone  où se situait la Janina, centre du
pouvoir politique6, Dar El-Sikka et Dar-El-Mel qui constituaient l’administration monétaire et
financière ? Cette zone concentrait aussi les grandes mosquées de la ville, symboles du
pouvoir religieux et judicaire, ainsi que la Tarassana lieu fort du pouvoir militaire.


C’est ainsi qu’Alger concentrait pratiquement tous les pouvoirs au centre de la ville, du moins
jusqu’à ce que le dey ne s’installe sur les hauteurs de la Casbah pour des soucis de défense7.
Cette zone centrale constituait aussi le point d’interaction des deux parties distinctes de la
ville : la partie haute, labyrinthe de ruelles étroites et sinueuses, composée exclusivement de
quartiers résidentiels sans autres activités de production ou d'échanges ; la partie basse, plus
animée et plus composite, regroupait les éléments essentiels à la vie urbaine, les mosquées, le
palais du Dey et les souks. 


Cette structure bipartite de la ville marquait une nette séparation entre un espace résidentiel
avec une conception familiale de la ville et un espace public ouvert et dynamique.


De nombreuses recherches ont montré la richesse et l'originalité de la cité précoloniale, à
travers des descriptions détaillées de l'organisation et des activités dans la ville d’Alger.


Les documents historiques décrivent la ville d’Alger comme étant le siège d'une vie sociale
d'une richesse indéniable : commerçants et artisans travaillaient avant tout avec la classe
dirigeante urbaine qui était numériquement forte et contrôlait une large banlieue... Dans une
ville comme Alger, on pouvait dénombrer d'importants établissements de production
artisanale ; le rez-de-chaussée de la plupart de ses maisons abritait des écuries ou des
magasins ; les rues les plus larges étaient bordées de boutiques et d'échoppes d'artisans. 


On comptait en outre plusieurs gargotes servant les fellahs de passage, de nombreux cafés et
hammams, des lieux de réunions comme les boutiques des barbiers et les bains ; les
marchands étrangers pouvaient s'installer dans plusieurs bazars et loger avec leurs
marchandises dans de nombreux fondouks ; dans les faubourgs de Bâb-Azzoun, au carrefour
des routes de l'intérieur, se trouvaient, outre des tanneries et des fabriques de pipes, des
maréchaux-ferrants qui fabriquaient des instruments aratoires et ferraient les chevaux...


 Les citadins qui pratiquaient ces métiers étaient des gens relativement aisés ; ils vivaient en même
temps de leurs activités artisanales et des jardins ou cheptels qu'ils possédaient à l'extérieur de la ville. Les commerçants et les artisans pouvaient être propriétaires fonciers ou cultivateurs
en même temps sans pour autant vivre au côté de la population paysanne


A cette époque, d'après Rozet11, les écoles publiques et privées étaient très répandues et
avaient pour mission principale d'apprendre aux enfants à lire et à écrire le Coran, ces écoles
étaient entretenues grâce aux revenus des biens habous mais aussi par les élèves eux-mêmes.


Malgré la disponibilité de plusieurs sources décrivant la ville d’Alger en cette période, les
destructions massives qui ont été opérées dans la ville et qui ont touché violemment le coeur
d’Alger, rendent difficile toute reconstitution tangible de la ville à cette époque, des édifices
de premier ordre comme la Janina et la mosquée Essayida ont disparu complètement avant
qu’on ait une documentation complète qui permettrait une meilleure compréhension de cette
partie essentielle de la ville.



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